Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Une lesbienne féministe et séparatiste prête au combat ! Les hostilités reprennent à Londres en 2009...
Newsletter
25 octobre 2008

Un bel exemple de parcours Queer lesbien (ou d'hétéro perverse ?)

**************************************************************
Revue de presse des articles parus à l'occasion de la sortie du roman "Quatrième Génération":
**************************************************************


Libération, le mercredi 21 novembre 2007: (pour voir l'article avec la photo, consulter la rubrique "mes photos" sur ce profil):


Portrait:
"Bon genre"


Wendy Delorme
Universitaire de 28 ans, cette lesbienne militante et performeuse défend surtout la fabrication de soi.


Wendy est une self-made woman. Elle se fait toute seule, jour après jour. Elle n'a pas encore 30 ans, mais son parcours est si riche qu'il faudrait à beaucoup d'entre nous plusieurs vies pour le découvrir. Et plusieurs vies, c'est ce qui la définit. Résumons : Wendy est à la fois doctorante et prof à Paris-IV en sciences de la communication, gouine militante, écrivaine, comédienne de show «néoburlesque», auteure de guide sur la sexualité, actrice de films X lesbiens expérimentaux.

Wendy Delorme n'est pas son vrai nom. Appelons-la Steph, mais qu'importe. Ou Klaus, comme dans certains de ses shows. Ou Wendy Babybitch, comme dans d'autres saynètes hard de strip-tease humoristique d'avant-garde. Ou Marion, le double «inventé» de son roman. Son personnage est comme ces sites Internet «en construction», en permanence en train d'évoluer. On pourrait dire «en transition» si dans son milieu ce mot ne désignait ces personnes d'origine féminine qui se sentent tellement mec qu'elles le deviennent à coups de testostérone et de chirurgie.

Masques, contre-masques… Passer du temps avec Wendy, c'est découvrir un monde où les frontières sont floues. Un univers où chacun et chacune fabrique son genre, se définit par un effort de volonté surhumain. Quand Wendy parle, bonne élève, en choisissant avec soin ses mots, on est partagé entre le désir de la pousser dans ses retranchements, la harceler de questions pour tout comprendre et l'envie de se taire, de laisser le silence s'installer. Si l'on a l'âge de son géniteur (ce qui est notre cas), on a aussi envie de lui dire des mots de père, émus, attentifs, enthousiastes… Parce que Wendy, auteure du guide Pervers et Safe chez Tabou éditions (un guide du fisting), est à la fois capable de poser nue pour des séances bondage et de raconter avec une infinie tendresse la saga de ses grands-parents paternels, paysans chassés de Silésie vers l'Allemagne, poursuivis, traqués, dont la vie de courage fut aussi une bataille pour reconstruire leur identité.

Wendy est un prof apprécié, une intello première de la classe élevée par sa grand-mère instit et une figure incroyable de la nuit qui brouille toutes les pistes. Ses registres sont complexes mais toujours en harmonie. Elle définit les points communs entre ses activités en expliquant d'une voix douce que face à sa classe, dans ses livres ou sur scène elle dit toujours la même chose : «La féminité n'est pas biologique, c'est quelque chose de construit, la féminité idéale n'est jamais atteinte, c'est un échec… Un geste.»

On l'écoute parler de ses personnages comme d'«accumulations d'artefacts mis en scène», et quand on veut en savoir plus on tombe dans une sorte de vertige des genres où nul n'est totalement ce qu'il paraît. Son roman est drôle, aussi, jusque dans ses excès les plus hard. Il faut de l'humour, et elle en a, pour parler ainsi de la «valse des étiquettes» : qui est trans, qui est «butch», qui est le mec, comment cette femme est devenue masculin, pourquoi cet éphèbe aime se transformer en soubrette SM et tel autre en drag-queen ?

Elle, Wendy Delorme, a choisi depuis longtemps sa place dans ce tourbillon. Et c'est peut-être l'une des plus exigeantes. Elle est «fem» (prononcez «faime») comme «féminine». C'est-à-dire : «Une gouine qui n'a rien contre les jupes, les talons hauts, le vernis à ongles et le maquillage, voire éventuellement en surajoute.» Elle soigne donc son look à outrance. Pour la séance photo de Libé, elle est toute contente d'étrenner un corset fait pour elle par un créateur. Elle est belle, évidemment, mais d'une beauté maîtrisée entre caricature et revendication, une beauté manifeste qu'il faut à la fois construire et défendre. Pas facile d'être dans ce rôle d'ultrafemme. Self-defence pour ne pas se faire harceler par de gros lourds qui veulent lui faire découvrir ce qu'est un «vrai homme», mais aussi pour tenir sa place dans la communauté lesbienne. Chercher la «butch» (camionneuse, pour faire court) qui saura la désirer mais aussi la compagne qui voudra l'écouter, la respecter, la transcender en un sens. Pas faciles, non, les relations dans ce tout petit milieu à la fois festif et militant.

Wendy n'aime pas que l'on parle du ghetto homosexuel. «Ce n'est pas un ghetto, c'est un espace fabriqué à l'abri des agressions, un espace où tous les milieux sociaux peuvent se côtoyer et jouer ensemble.» Les règles de ce jeu sont faites de respect et de violence contenue. Elles sont très compliquées aussi, parce qu'il faut laisser de côté sa jalousie, accepter la «polyamorie» («baiser qui je désire» en toute transparence) tout en s'établissant, en se fabriquant une relation particulière avec un être particulier. Wendy nous fait rire quand dans son roman elle évoque la difficulté de jouer ce jeu-là, comment avant de baiser tel ou telle il faut obtenir l'accord des partenaires respectifs, quitte à tuer le désir à force de clarté politiquement correcte. Elle nous fait rire aussi quand dans ses fantasmes on découvre les traces de sentiments fleur bleue éternels. Mais elle nous émeut quand elle décrit son combat quotidien pour affronter les regards. «On peut s'embrasser dans votre taxi, monsieur ?» demande son «compagnon» quand il monte dans une voiture avec elle.

Wendy nous met mal à l'aise parfois quand elle parle d'une autre des facettes de cette vie : le sex work. Bosser comme modèle bondage, téléopératrice hard ou maîtresse SM. Où sont les masques ? Où sont les limites ? On pense alors à Wendy petite, Steph en hypokhâgne, étudiante qui voulait faire comédienne et choisit de devenir traductrice comme ses parents, puis fait de la com parce que c'est moderne. On pense à cette vie faite de volonté farouche, et l'on ne peut s'empêcher d'être admiratif devant une telle détermination.

Bien sûr Wendy est passée par la case militantisme, deux ans chez les Panthères roses à manifester, à provoquer, à discuter et à s'entraider entre «amilitantes», comme elle les nomme. Mais au-delà de ces exercices Wendy est surtout militante de sa propre vie, assumant ses choix jusqu'au bout. Elle s'amuse beaucoup, évidemment, jouer Klaus avec son groupe des Drag King Fem Show et Babybitch avec la troupe des Kisses Cause Trouble est heureusement une sacrée rigolade en plus d'être une performance artistique et un manifeste.

Mais d'où vient alors qu'à la fin de cette rencontre on a encore envie de lui prodiguer des encouragements («Sois heureuse, tu le mérites, je suis fière de toi», comme le fait sa mère) et un peu de tendresse paternelle ? Touchante, Wendy ? Dans son genre, oui.

Article écrit par DIDIER POURQUERY
Photo de JÉRÔME BONNET

http://www.liberation.fr/transversales/portraits/292710.FR.php

© Libération


**************************************************************
Article paru dans "Les Inrock" rubrique "Nouvelles Têtes" le lundi 3 décembre 2007:

Wendy Delorme. Livres.

"Sexploratrice" intello. Son premier roman décortique la culture queer.

Universitaire, pornographe, comédienne burlesque : Wendy est une lesbienne activiste touche-à-tout. À 28 ans, elle ajoute une énième corde à son arc en publiant Quatrième Génération.

Sur fond d'histoire familiale et de saga féministe, son double, Marion, tour à tour hétéro puis gouine, traque son identité entre
Paris et San Francisco.

Aventures sentimentales et sexuelles, témoignage trashy et petit abécédaire franglais (c'est quoi une « fem » ? et un « translover » ?) dévoilent une véritable théorie de la fabrication de soi, troublant un peu plus les rapports masculin-féminin.
Après Despentes, et dans le sillage de Beth Ditto des Gossip, l'essai-manifeste de Wendy Delorme se lit comme on écoute un bon album punk.


Etaïnn Zwer

**************************************************************

Article paru dans "Le Monde 2", Vendredi 7 Décembre 2007, rubrique "Portrait":

"Wendy Delorme a la rage du genre"

Cheveux longs mais relevés, ongles de rouge vernis coupés à ras, chemise cintrée largement décolletée sur une poitrine toute de roses tatouée, bas résilles qui se dévoilent sous des bottes masculines : Wendy Delorme aime à jouer avec les genres. Comme dans son livre, Quatrième Génération, à mi-chemin entre le roman et le récit, l'essai et le manifeste. Un texte cru, fort d'une belle énergie et d'une rage joyeuse qui fait penser aux écrits de sa grande s--ur – même si elles ne se connaissent que depuis peu : Virginie Despentes. Pour l'auteur de Baise-moi et de King Kong théorie, Wendy Delorme, avec son côté "fleur bleue destroy", a écrit un livre lucide et intelligent, non dépourvu d'humour même si celui-ci "ne sert jamais à se dérober devant la sincérité".

Pour la narratrice, c'est d'abord – et comme souvent –une histoire de garde-robe – elle ne veut plus des jupes-culottes dont on l'affuble. Pour Wendy Delorme, née en juillet 1979 à Evry, les choses sérieuses commencent en 2002, l'année de sa licence : « Ma copine ne voulait pas qu'on se tienne la main dans la rue. ça m'exaspérait, je ne voyais pas pourquoi. Elle disait: « On va nous emmerder ». Et elle avait raison. Soudain, j'ai pris conscience que ce monde qui semblait fait pour moi - j'étais blanche, blonde, pas trop laide, jusqu'alors hétéro, et diplômée - n'était peut-être pas tel que je l'imaginais. » Elle se met à lire frénétiquement les féministes - Monique Wittig en tête. Judith Butler, Pat Califia viendront bientôt parfaire son éducation textuelle. A militer aussi – un peu à Act up, plus activement dans les Panthères roses : «  J'aimais bien ce mélange PD et gouines. ça m'a débloquée. Le militantisme m'a permis de rencontrer plein de gens. D'affiner la focale des nouvelles lunettes que j'avais chaussées, sur le féminisme et le sexisme ». Bientôt, Wendy Delorme délaisse les réunions pour rejoindre les Kisses Cause Trouble, une troupe qui propose des spectacles décalés (inspirés notamment des comédies musicales des années 20/30), et où se mélangent danse, théâtre et strip-tease. De drôles de shows avant tout politiques dont la cible première est "la machine Hétéromacho". Que cela soit ici ou dans le Drag King Fem Show, qu'elle a créé, Wendy Delorme s'amuse à travestir les rôles. A jouer Klaus, l'horrible macho, ou encore Wendy Baby Bitch : « Ce personnage incarne le pire des stéréotypes féminins: la catin très blonde et très conne. Ça me permet de faire de la thérapie parce que le drame de mon personnage est d'être une intello cachée. » Etre femme et être prise au sérieux. Etre blonde et être prise au sérieux. Réconcilier la nympho et l'intello, Margaret Mead et Linda Lovelace. Il lui en aura fallu du temps. D'autant que la première fois qu'elle entre dans un bar lesbien – elle s'en souvient encore – on la toise et la rejette. « Le jour où je pourrais marcher dans la rue et que les mecs ne se diront pas « Elle est dispo sexuellement pour moi », et où, dans un lieu lesbien, on ne me lancera pas un « Ah voilà une hétéro qui s'est égarée », oui, ce jour-là sera un grand jour. » C'est aussi pour cela qu'elle a écrit ce livre, pour, dit-elle, « déconstruire le lien entre genre et sexualité. Ce n'est pas parce qu'on porte des talons hauts qu'on est hétéro. Et ça, je veux que les lesbiennes le comprennent autant que les mecs ». Mais alors quel est le qualificatif qui la définirait le mieux ? N'a-t-elle pas arrêté, tout comme sa narratrice, d'aller voir sa psy le jour où celle-ci lui a demandé : « Mais pourquoi à votre avis préférez-vous les femmes ? » : « Elle n'avait pas compris. Les lesbiennes ne sont pas des femmes. Les mecs trans non plus. Je me suis dit c'est pas la peine d'insister, les cases qu'avait pondues Freud sont encore trop rigides pour que j'y coule ma logorrhée. » Depuis qu'elle a vécu à San Francisco – où, depuis longtemps, le vocabulaire tout comme les attitudes sont moins rigides que de ce côté-ci de l'Atlantique -, on pourrait la dire pomosexuelle (post-modern sexual), c'est-à-dire qui déborde des cases lesbienne/bi/hétéro. Elle-même se dit Fem (prononcez faime) ou, pour faire simple, « une gouine qui n'a rien contre les jupes et le maquillage ». Voire éventuellement en surajoute. « J'ai ça en commun avec les travestis et les drag queen de savoir qu'être une femme ça relève de la performance de théâtre au final, qu'on soit sur les planches d'un cabaret transformiste ou bien dans une salle de réunion à la Défense. » Mais attention, ne pas confondre les fems avec les lipstick lesbiennes, ces charmantes saphiques éthérées comme on en a vu fin des années 90 dans les pubs Dior, Benetton et Versace. Pratique pour faire vendre « parce que ça a un petit côté exotique les nanas qui se palochent pour le plaisir des yeux de ces messieurs ». Comme elle le décrit si bien dans son texte : « Les fems ont ça de différent des lipstick lesbiennes que notre féminité n'est pas un passe-droit pour s'intégrer, mais au contraire le drapeau de la subversion. Les fems n'ont pas forcément envie d'être jolies gentilles patientes souriantes et maternelles comme on le leur a appris, elles ne sont pas forcément pour le mariage homo ou l'adoption parce que pas forcément pour le mariage ou la famille en général. Les fems c'est plutôt le mariage du bas résille et de la botte de combat, de l'escarpin et du poing américain, du manteau léopard et de la haine des types qui viennent te brancher dans la rue. Les fems se sont faites elles-mêmes avec souvent la rage au bide. »

La rage au bide, elle l'a encore. Tout le temps, même si elle la cache derrière son plus beau sourire. Sourire donc, et ce malgré les pubs faussement gay.

Elle sait qu'il y a encore beaucoup à faire. Qu'elle brûlera sûrement dans l'enfer hétéro pour ne pas aimer les hommes et dans l'enfer lesbien pour aimer les mecs trans. Qu'elle se fera encore emmerder dans notre « gay Paris homophobe, si romantique mais pas pour tout le monde". Que le jour est encore loin où l'on apprendra aux filles à travailler leurs muscles PC (Pubo-Coccygiens) en cours d'Education Physique au collège, où la sexualité c'est encore souvent : petit 1/ comment ne pas tomber enceinte et petit 2/ comment ne pas contracter le sida. Oui, qu'il faudra du temps pour que les femmes se débarrassent de leurs angoisses et de cet autodénigrement dont elles se sont faites les championnes.

« Quatre générations pour se refaire une idée de c'est quoi le monde", écrit encore Wendy Delorme, en pensant à celles qui sont tombées au champ d'honneur des violences conjugales, dans les tranchées du viol ou encore dans les oubliettes du travail domestique. Quatre générations pour, un jour prochain, pouvoir vivre "avec rage et force et joie". Et pour "s'envoyer en l'air parce que chacun de nos orgasmes c'est un défi lancé à la face du monde".

Emilie Grangeray 


**************************************************************

Article paru dans "La gazette de Berlin",
Décembre 07.


"C'est la quatrième génération de féministes qui se met en scène ici, sous les traits de Marion, son personnage principal. Et « se mettre en scène » est bien le terme pour Marion : d'abord tous les matins en se « fabriquant » en tant que femme, en (ré)inventant en quelque sorte la féminité absolue - et puis la nuit en faisant des spectacles de striptease burlesques. Se mettre en scène aussi à Paris ou à San Francisco, avec des filles ou des trans, des ami-e-s ou des amant-e-s. Cette --uvre, entre roman, récit et manifeste, trouble un peu plus la dichotomie masculin-féminin déjà mise à mal par Judith Butler, et décortique la culture « queer » avec humour et intelligence. Et pris dans le style attachant et jamais pédant de Wendy Delorme, on rit, on pleure et on apprend. Trois en un : mieux qu'un Kinder Surprise !"

C.R


**************************************************************


Article paru sur le site http://sexworktv.org en janvier 2008

Sex work generation.

Enfin la 4ème génération est arrivée ! Le livre de Wendy Delorme est tout ce qu'il y a de plus raffraichissant. Evidemment j'adore. Elle nous parle de plaisirs, de sexualités, de genre, de combats aussi. Avec elle, on s'amuse, on boit, on se drogue, on voyage, on change de sexe et de partenaires, on se travestit, on crée de nouveaux codes, de nouvelles pratiques, de nouveaux langages, et on fait du sex work bien entendu. On n'oublie pas non plus les générations précédentes, celles qui n'ont pu profiter de la vie comme nous parce que femmes mais qu'on a rendu folles comme nous, de cette folie dont nous avons hérité. Le ton est amusant, agréable, Wendy évite les défauts des discours militants et fait passer les messages avec humour et tendresse. Quelque soit votre identité sexuelle et de genre, vous vous retrouverez dans ses personnages, justement parce que celles-ci sont multiples. Ce livre est un roman mais avec des parts de vécus réels. Nous le savons bien parce que nous les avons parfois vécu avec elle. C'est ce qui le rend très fort. Si vous ne l'avez pas encore lu, courrez l'acheter.  T.S.

**************************************************************

Article paru dans le magazine La Dixième Muse, numéro de janvier-février 2008.
Wendy Delorme - Génération Fem
Parler du roman manifeste Quatrième Génération de Wendy Delorme, sorti en novembre 2007 chez Grasset, c'est poser un acte politique et se dire que la littérature au féminin pluriel a de belles ressources.
Wendy Delorme vous la connaissez peut-être : performeuse, engagée et militante, actrice de films pornos, sex worker… J'en oublie ?
Passons, tout ça n'est qu'une infime parcelle du personnage orchestré par Wendy.
Alors l'histoire me demanderez-vous ?
Dans cet opus il est question de famille, de femmes, de butch, de trans, de sex et de perruches !
On lit Quatrième génération avec avidité parfois jusqu'à la nausée, jusqu'à l'overdose de mots, de sensations et d'images. L'univers est visuel et stylisé, comme l'est le personnage de Marion qui se met en scène dans la vie et devant les autres. Marion-Wendy se montre aux autres, s'offre aux regards voyeurs et aguicheurs pour finalement s'échapper comme éclate une bulle de champagne et finir par chialer comme une môme perdue.
Wendy est à la scène Queer-lesbienne ce que fut Cyril Collard à la scène gay : un auteur énervé, agité, prêt à toutes les transgressions.
Mais Quatrième Génération est aussi le livre d'une histoire familiale, d'une grand-mère adorée, d'une folie qui relie ces 4 générations, d'une s--ur perdue trop tôt, d'un père admiré mais lointain.
Sur cette histoire, l'auteur livre tout : comme ce passage où l'adolescente Marion pose quasi nue devant l'appareil photo d'un voyeur, sous le regard de sa petite s--ur, pour se payer un walkman. Et elle livre ça comme un fait divers, un souvenir lointain, pas si grave…
Et puis on croise les compagnons de route de Marion : Léo, Diego, Elo ses amours en « O » , mais aussi les amant(e)s d'une nuit , les corps baisés ou à baiser dans les toilettes des bars et des boîtes entre Paris et San Francisco.
Quatrième Génération est aussi le roman des désirs, le désir sexuel qui vrille la tête, le désir d'exister chaque matin, le désir d'aimer.
Et cette phrase comme une évidence «la féminité n'est pas biologique, c'est quelque chose de construit » : Marion est une "fem" ; lèvres rouges, ongles courts, bas résilles, jupes, stilletos ou bottes de combat.
Quatrième Génération nous aspire dans l'univers des nuits parisiennes queer, où les frontières de genre s'estompent, où l'une est l'un et où l'un est l'une. Où les définitions de genre cessent de nous enfermer pour nous ouvrir à l'être. Chacun(e) se définit, construit son identité : a priori et stéréotypes s'effondrent, reste juste l'envie.
Et cet auteur de 28 ans nous parle d'amour, de la poursuite universelle de l'amour. L'amour qui fait mal aux tripes, l'amour qui fait plonger dans le Stilnox et les brumes de l'alcool.
Il était temps que Wendy arrive pour exploser les codes et réveiller nos sens !
Virginie D'India
...
Interview :
Comment est née l'envie d'écrire, d'en faire un roman et de le présenter à des éditeurs ?
Mon ami-e de San Francisco, Lynnee, a écrit et publié "Godspeed", un livre qui raconte la scène punkrock dyke américaine des années 90, et que j'adorerais voir publié et traduit en France. Lynnee m'a demandé pour son anniversaire il y a deux ans un roman français qui raconte une vie queer d'un point de vue punkrock. J'ai cherché un livre de ce type dans les librairies françaises et comme je ne l'ai pas trouvé, je l'ai écrit.
A part ça, j'ai toujours voulu être romancière. C'est un rêve d'enfance. J'ai commencé une vingtaine de romans depuis que je sais écrire, mais sans les terminer. Et puis l'an dernier il y a eu un déblocage de créativité au niveau de l'écriture, et voilà, j'ai terminé ce livre-là. J'étais dans une frénésie, je n'ai pas pu faire autrement que d'écrire chaque jour, tous les matins, jusqu'à ce que ça soit sorti de moi. Je ne savais pas que j'écrivais un livre. J'écrivais. J'avais besoin d'écrire. Et puis un jour ça a fait 120 pages et je me suis dit ah, je suis en train d'écrire un livre. Puis j'ai travaillé les thèmes et la structure pour qu'il ait une unité et un fil narratif.
Quand j'ai senti que c'était terminé, ou que du moins j'approchais de la forme finale du manuscrit,  je l'ai donné à lire à plusieurs personnes autour de moi, Virginie Despentes en premier lieu, que j'avais rencontrée quelques fois parce qu'elle avait co-organisé un spectacle pour mon amie, Lynnee Breedlove, voici deux ans. Je lui ai envoyé le manuscrit en lui demandant de me dire ce qu'elle en pensait, si possible sans me traumatiser si elle trouvait ça nul, (car pour ma part impossible d'évaluer ce texte, j'étais trop "dedans" pour savoir s'il parlerait à d'autres que moi). Lorsqu'elle m'a répondu en détail de façon enthousiaste sur comment et pourquoi elle avait aimé ce livre, je suis tombée des nues, c'était énorme comme validation, car V.D est une auteure que j'admire énormément. King Kong théorie est ma bible de chevet avec Baise-moi. Et puis elle m'a conseillé de l'envoyer à certaines maisons d'éditions plutôt que d'autres, celles où elle savait que le livre trouverait peut-être un bon accueil. Pour moi elle est la marraine de ce livre. Via d'autres amies aussi j'ai été orientée vers d'autres maisons. Il y a eu quelques refus d'éditeurs, ce qui est toujours dur à avaler pour un ego d'auteur, mais à chaque refus je remaniais un peu le manuscrit en fonction des critiques que j'estimais pertinentes, et au final il y a eu 4 éditeurs intéressés. Je ne m'y attendais pas, à ça. C'était incroyable. Mais signe aussi que d'autres avaient ouvert le chemin, pavé la voie, notamment Despentes avec King Kong Théorie, mais aussi des auteures comme Isabelle Sorrente avec L, Beatriz Preciado avec Le Manifeste Contra Sexuel, Ingrid Renard et Christine Lemoine avec Attirances, Marie Hélène Bourcier avec Queer Zones, et puis il y a eu la traduction de Judith Butler en France,  etc., c'est grâce à mes aînée-e-s que cette publication a été possible. La morale de l'histoire c'est the more queer art we make, the more queer art will be. Plus on fera de bouquins et d'art queer, plus il y en aura.

Après plusieurs semaines de dédicaces, interviews, que ressens-tu ?
C'est toujours très intense de recevoir des e-mails ou d'entendre des personnes me dire ce qu'elles ont ressenti en lisant ce livre. Certains e-mails m'ont donné envie de pleurer (de joie, je suis fleur bleue). Il y a des personnes qui ressentent ce livre de façon très intime, très forte, et ça me touche, parce que de l'écrire ça a été comme de dérouler mes tripes et tricoter quelque chose avec. Donc plus ça résonne fort chez les personnes qui lisent, plus ça résonne fort en moi.

Quelles ont été les réactions de tes élèves ? tes parents ? tes amis proches ? les autres ?....
Je dois répéter souvent que c'est semi-fictionnel, pour aider mes proches à se détacher émotionnellement de ce qui est écrit. Je leur explique que je ne suis pas exactement cette narratrice, elle fait et dit des choses qui ne sont pas moi, mais qui pourraient être moi. Dans ce livre je me suis projetée dans un univers parallèle qui ressemble tellement fort à celui dans lequel j'évolue que c'est perturbant pour mes proches. Parfois on me dit "pourquoi n'as- tu pas écrit sur tel ou tel événement qui est réellement arrivé, ce livre devrait parler aussi de telle ou telle chose importante pour la communauté queer" et là je réponds aussi que ce livre est ce qu'il est, il ne traite pas de tous les sujets qui tiennent à coeur aux queer, il a sa propre personnalité, sa propre structure narrative. C'est à mes yeux une oeuvre de mots et d'émotions avant d'être un témoignage documentaire. Après, chacun s'approprie ce livre comme il ou elle veut, et les classifications dont cet écrit hybride fait l'objet sont parfois déroutantes (en librairies on le trouve en "document" ou "essai" ou "littérature érotique" ou "récit" ou "roman"... il est tout ça à la fois).
Mes étudiants ne m'ont pas encore parlé du livre. Ce n'est pas à moi de le faire en premier. En classe je donne cours. Je ne suis pas là pour parler de mes activités extra-universitaires. Mais s'ils veulent en parler un jour après la classe je serai dispo.

Tu te produis de temps en temps sur scène peux-tu nous dire quelques mots de tes partenaires de jeux, des deux troupes....
Les Kisses Cause Trouble, troupe de burlesque délurée et politiquement incorrecte, est en mutation en ce moment car nous travaillons à adapter le cabaret burlesque aux planches de théâtres. Pendant quelques années, nous nous sommes produits dans des cafés cabarets et nous montons un spectacle avec un metteur en scène pour nous produire en mars dans les théâtres... un pari intéressant à relever. A l'heure actuelle nous comptons parmi nous Miss S Purple, incarnation de bourgeoise Catho très riche aux tendances perverses, la grande Inga Waffenkulo, la Générale assoiffée de pouvoir qui a pour but de semer le chaos dans le monde, El Méchanto le bandit petite frappe, Lady Satine Capone la veuve noire obsédée par l'argent mais qui a le coeur tendre, la zombie pom pom girl Ghoulina, et moi même la blonde nympho maso Wendy Babybitch. Nous incarnons des stéréotypes grandguignolesques, ça donne des personnages drôles, truculents.
Le Drag King Fem Show est une structure souple de trois personnes, Louise Deville, Mister Mister et moi-même, qui se produit selon les scènes, en duo, solo et trio. Ces temps-ci j'ai fait pas mal de duos avec Louise Deville, notamment au festival de films pornos de Berlin le mois dernier. On joue beaucoup sur le travestissement, les personnages ne sont pas fixes contrairement à la troupe des Kisses Cause Trouble, alors j'incarne parfois un personnage de prof, ou d'élève, ou de marin gay, ou de petite fille pas sage, ou de veuve zombie, ou de macho man... ça dépend des occasions et de notre inspiration.
Je participe aussi parfois quand j'ai le temps au cabaret des filles de joie de Juliette Dragon, je suis amoureuse de leur esthétique toute en plume et en paillettes... c'est irrésistible pour moi...

Tu as été à l'initiative et tu as animée la séance FEM du Festival de films gays et lesbiens de Paris. Quelles étaient tes envies pour cette séance ? *
J'avais envie que les fems soient plus visibles, et reconnues comme faisant partie de la communauté lesbienne et de la culture lesbienne. Ça fait très longtemps que les dynamiques butch-fem existent, même en France, contrairement à ce qu'on pourrait croire vu l'appellation américaine. Mais comme en France ces identités et dynamiques de désir ne sont pas nommées, identifiées et revendiquées, elles ne sont pas vraiment visibles et reconnues. J'avais envie de montrer que les fems sont aussi diverses que le sont les lesbiennes, en invitant pour le débat des fems de diverses cultures et générations, j'étais particulièrement heureuse qu'Ingrid Renard et Christine Lemoine aient participé car elles ont fait paraître voici quelques années  le premier ouvrage en France sur la question butch-fem. Ça m'a marquée. Ça a été une révélation, leur livre, chez la jeune lesbienne que j'étais, qui ne comprenait pas pourquoi mes désirs relationnels et mes codes esthétiques et vestimentaires ne collaient pas au milieu lesbien, qui était plutôt street wear et androgyne en tout cas chez les filles de 20 ans à Paris, quand j'ai fait mon coming out. J'en avais marre qu'on me traite d'hétéro ou de collabo du patriarcat juste parce que j'avais envie de mettre des jupes et des bas résille. Comme beaucoup de fems je suis passée par une période de déni de ce qui me convient vraiment comme genre, en rasant mes cheveux longs, en arrêtant les talons hauts, le maquillage et les jupes, et puis finalement je me suis rendu compte que c'est un style qui me plaisait chez mes amantes, pas chez moi. Et voilà.
Je voulais aussi une séance qui parle des fems comme d'une identité à part entière, pas forcément dans leur relation aux butch. Je ne suis pas fem uniquement parce que j'aime les butch ou les transboys, ça fait partie intégrante de mon identité de fem, cette dynamique de désir-là, mais je suis fem avant tout parce que je me sens puissante et désirable et forte et ravageuse avec mes faux cils et tous mes artefacts de féminité, et ce même s'il n'y a pas de butch à mes côtés (je préfère qu'il y en ait une, évidemment). Et je voulais aussi que les gens nous voient. Voient ces fems que nous sommes et nous entendent. Si on ne nomme pas les choses, si on ne prend pas la parole, on n'existe pas. Et c'est important que les lesbiennes et les queer se montrent et prennent la parole en public, si elles le peuvent, pour dire voilà ce qu'on est, le rendre visible, parce que tous les autres modèles qu'on a sont des choses auxquelles on a du mal à s'identifier en tant que lesbienne. Moi par exemple je ne suis pas une lipstick lesbienne à la L Word et je ne suis pas non plus attirée par le modèle hétéro. Les fems ont leur spécificité, leur pouvoir et un mode de subversion des genres qui leur est propre, que je voulais rendre visible.

Qu'est-ce qu'il te reste de cette séance ?
Il y a eu un débat intéressant sur la question: «faut-il ouvrir la définition de "fem" à des personnes qui ne sont pas lesbiennes ? à des personnes qui ont d'autres parcours, d'autres identités ? comme les femmes bi, les femmes d'origine transsexuelle, certaines hétéro qui sont "queer minded"...»
C'est difficile de trancher et les avis se sont opposés. "Fem", ça vient de la culture lesbienne, je n'ai pas envie que la culture lesbienne radicale, qui est forte et subversive, perde sa spécificité. Mais bon, c'est aussi la vie des mots, les mots sont comme les identités, ils ne sont pas rigides et définitifs. Et par ailleurs je suis pour que les personnes choisissent elles-mêmes les mots qui leur conviennent pour s'autodéfinir, s'autodésigner. Personne n'a le droit de décider pour autrui que "ceci est la vraie fem" ou "ceci est la vraie lesbienne" ou "ceci est le vrai queer". Ca m'emmerde quand on est dans la logique du "vrai" quelque chose. Par contre on peut dire "voici ce que je défends moi, comme définition de tel mot, et voici comment je définis mon identité". Sans l'imposer aux autres, sans prétendre qu'on détient la vérité absolue sur la transsexualité, le lesbianisme ou le queer etc. La parole de l'un-e n'invalide pas forcément la parole de l'autre. L'identité de l'un-e peut exister avec celle de l'autre, un même signifiant peut avoir différents signifiés. On peut dire "je suis un mec" et avoir une bite ou un vagin, être sous testostérone ou pas, opéré ou pas, très masculin ou pas très masculin. Et on devrait pouvoir être libre de s'identifier comme "fem" sans que d'autres fems invalident notre genre, être lesbienne sans que d'autres lesbiennes viennent nous dire qu'on l'est ou qu'on l'est moins suivant notre look et nos fréquentations.
Si on "décroche" genre et sexualité, alors oui, "fem" peut être considéré comme un genre avant d'être une dynamique sexuelle, et fem alors désigne les personnes qui quel que soit leur sexe biologique et leur sexualité, se construisent volontairement un genre féminin. En anglais-américain on dit d'une drag queen par exemple qu'elle est "femmy", fem désigne souvent une certaine forme de féminité hyperbole, manifeste, construite. Pris dans ce sens là du terme oui, n'importe qui qui a construit délibérément son genre comme féminin en adoptant des codes esthétiques vestimentaires ornementaux et/ou passe par des transformations physiques pour signifier au monde "mon genre est féminin" , c'est une fem. Mais pour moi et beaucoup d'autres, fem veut avant tout dire "lesbienne féminine aimant les lesbiennes masculines (butch)".

Est-ce que ces débats, échanges t'ont donné d'autres idées, envies... ?
Ça m'a renforcée dans l'envie de parler et écrire, en m'adressant à des publics divers.
Cette séance ça m'a permis de vérifier qu'il faut adapter le discours en fonction de qui on a en face de nous. Certaines personnes n'ont jamais entendu le mot "fem", d'autres sont déjà bien engagées dans des réflexions sur ce que sont des dynamiques relationnelles et identitaires dans notre communauté. Je vais aller parler de tout ça à la télé aussi, bientôt. J'ai fait le choix avec ce livre et en allant parler dans les médias « grands publics » de dire ce que je suis et ce qui me tient à coeur à tous les publics possibles, et je me dis bon, ça ne va pas être forcément évident de faire passer ce que je suis dans certains médias, de façon claire. Parce qu'en tant que fem je ne suis pas visible comme gouine, sauf avec mon amante à mon bras, et je ne vais pas la traîner partout avec moi pour signifier que je suis lesbienne. Donc je fais un coming-out permanent, et c'est cette invisibilité qui m'amène à aller partout dire ce que je suis et ce que je fais. Je pense que c'est important de dire que je suis lesbienne, partout, tout le temps, parce que la majorité des gens n'imagine jamais autre chose que l'hétérosexualité. J'en ai marre d'entendre dire "et ton mec il fait quoi dans la vie" quand je dis que je suis en couple. "Mon mec est né sans bite et il a des seins", voilà ce que j'ai envie de dire, mais bon, j'adapte le discours et je suis calme, souriante la plupart du temps même quand j'ai envie de dire "fuck off". J'ai envie de faire passer le message que la féminité n'appartient pas à l'hétérosexualité. Après c'est important aussi que des gens disent "fuck off", on ne peut pas tout le temps être pédagogique et patient-e !

As-tu des projets à venir ?
Je travaille à un autre livre, un roman, qui est différent de Quatrième Génération, mais dans lequel je joue quand même avec les grands archétypes de la féminité, comme les figures de la séductrice, la petite fille, la pécheresse, etc.

Propos recueillis par Christelle Lagattu
.........................
*Rectificatif et remerciements, à propos de la séance "Fem" du Festival de Films Gays et Lesbiens de Paris 2007, dans le numéro de La Dixième Muse de janvier/février 2008  actuellement en kiosques:
L'article échange entre Christelle Lagattu et Wendy Delorme au sujet de la séance Fem du Festival de Films Gays et Lesbiens de Novembre 2007 ne rend malheureusement pas hommage, dans la formulation de la question posée ni dans la réponse, au rôle crucial joué par l'équipe du FFGLP et par Florence Fradelizi, grâce à qui cette séance autour des identités lesbiennes Fem a vu le jour. Nous tenons donc à les remercier ici tout spécialement, pour le temps, le savoir-faire, l'énergie que l'équipe du FFLGP a consacré à la mise en place de ce programme. Grâce au FFGLP et au réalisatrices/teurs qui font des films, de nombreuses minorités et identités de genres diverses sont mises en visibilité chaque année.
Longue vie aux butchs, aux fems, et aux personnes qui travaillent à la promotion et la mise en visibilité de ce pan de la culture lesbienne, et ses dynamiques de désir. Avec amitié et gratitude, Christelle Lagattu et Wendy Delorme.
.........................

Publicité
Commentaires
Une lesbienne féministe et séparatiste prête au combat ! Les hostilités reprennent à Londres en 2009...
  • Londres est l'enfer pour une lesbienne prolétaire. Mon réveil débuta par une démission salutaire ! Je me prosternai alors devant le seul voile de Sainte Lesbienne Séparatiste, militante enragée ! Blog FEMINISTE, ANTI-VOILE, ANTI-PORNOCRATES et ANTI-QUEERS
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Une lesbienne féministe et séparatiste prête au combat ! Les hostilités reprennent à Londres en 2009...
Archives
Derniers commentaires
Albums Photos
Publicité