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Une lesbienne féministe et séparatiste prête au combat ! Les hostilités reprennent à Londres en 2009...
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31 juillet 2010

Umoja, le village interdit aux hommes


Umoja, le village interdit aux hommes (7')

Voici une résistance spontanée de femmes au Kenya qui à quelques unes et sans même de vêtements sur le dos, ont fui les viols et les mauvais tratements infligés depuis des millénaires par les hommes dans leur région. Sans même connaitre leurs droits, se pensant sans droits en tant que femmes car éduquées ainsi à faire le dur labeur pendant que les hommes ne travaillaient pas, excisées, mariées de force bien évidemment, faisant un travail de force 20 h / jour mais ne pouvant manger qu'après les hommes, elles ont quand même réussi à partir, c'était en 1992, et à créer ce village qui depuis n'a cessé d'attirer les femmes des environs passant de 3 ou 4 à 100 habitantes et devenant un village à l'économie prospère.

Le village n'a suscité que de la jalousie et les représailles des hommes aux alentours et il est dangereux d'y vivre mais les femmes ne renonçent pas et ont engagé des gardiens. Les femmes arrivent souvent enceintes ou avec des enfants qui sont alors éduqués différemment, mais on peu juste souhaiter que l'éducation change les choses ou que sinon le ratio hommes-femmes n'atteignent jamais les 50 % dans ce village.

C'est en tout cas une formidable expérience de résistance et un vrai laboratoire pour le féminisme et le séparatisme même s'il s'agit encore de survie. Il serait intéressant d'avoir une vision de femmes concernant ce village car ce documentaire est l'oeuvre de deux hommes. Documentaire sorti il y a 3 ans maintenant.

La fondatrice du village à la forte personalité et battue pour cela dans son ancien village est Rebecca Lolosoli.

Voici la retranscription d'une interview de Rebecca Lolosoli donnée lors du Forum International sur les Droits Humains tenu à Genève en mars 2009, pendant que le documentaire : Umoja, le village interdit aux hommes de Jean Crousillac et Jean-Marc Sainclair était diffusé le dimanche 8 mars 2009 au Grütli, 16 rue Général Dufour à Genève.

http://humanrights-geneva.info/spip.php?article4205 mars 09

« Dans la communauté Samburu, c’est toujours la femme qui travaille beaucoup. Elle se réveille tôt, vers 3h, elle travaille toute la journée et se couche tard vers 23h. L’homme, lui, dort quand il veut et autant qu’il veut. A son réveil, il réclame son petit déjeuner, sort éventuellement le bétail de l’enclos et va dormir sous un arbre.

Le reste du temps, il joue avec ses amis, exige qu’on lui apporte la nourriture là où il se trouve. Après il dort, et de nouveau il demande de la nourriture. La femme fait tout, mais rien ne lui appartient. Parfois elle n’a même pas le droit de manger. »

Rebecca Lolosoli, la matriarche et fondatrice du village. Femme de poigne, a elle-même fui les hommes de son village qui ne supportaient pas sa force de caractère et ne manquaient pas une occasion pour la rouer de coups. C’est elle qui a décrété que Umoja serait interdit à la gent masculine.

Fous de jalousie, ces derniers ont, dans un premier temps, campé en face de Umoja pour espionner leurs femmes et les attaquer. Ils ont aussi cherché à copier le modèle économique de ces dernières : les habitantes de Umoja avaient-elles monté un centre culturel, une boutique artisanale et un camping pour les touristes, le village rival masculin essayait d’en faire de même. Mais en vain. Tandis qu’Umoja prospérait, le village rival stagnait. Tant et si bien que les hommes s’en sont allés. Mais certains d’entre eux continuent leurs razzias sur le village féminin pour battre, enlever ou tuer leurs épouses rebelles.

Les femmes de Umoja ont d’ailleurs engagé trois guerriers masaïs pour les protéger durant la nuit. Et Umoja n’a cessé de prospérer. Grâce aussi à l’aide internationale, des écoles ont été ouvertes pour les enfants et les mentalités ont commencé à changer.

A Umoja, on n’excise plus les petites filles, on ne les marie plus à des vieillards, et les garçons aident leurs mères dans les tâches ménagères. Umoja s’est forgé une telle réputation que le village est devenu un lieu de refuge et de conseil pour les femmes battues ou maltraitées des villages alentour.

Honnie par les hommes du coin qui la perçoivent comme une menace, Rebecca Losoli a acquis une renommée internationale. Elle a été invitée à New York aux Nations Unies, à un sommet à Nairobi, en France, en Italie, au Canada – elle sera présente à Genève pour une rencontre avec le public après le film dimanche.

Et elle a l’intention de se présenter au parlement kenyan. « Il existe beaucoup de programmes et de séminaires destinés aux femmes, mais il en faut absolument pour les hommes, explique la matriarche. Ce sont eux le principal obstacle au changement des mentalités. Chez nous, une femme n’a pas le droit de contester les dires d’un homme, même s’il est dans son tort. Cela doit changer. Avant, nous ne connaissions pas nos droits, car nous n’avions aucune éducation. C’est pourquoi nous faisons de l’école une priorité pour nos enfants. Nous apprenons aussi aux femmes à se respecter, à respecter leurs corps, notamment pour se protéger du sida. Elles doivent comprendre qu’elle sont en droit de refuser un rapport sans devoir craindre d’être battues ou violées. Elles doivent pouvoir posséder une terre afin de se nourrir ainsi que leurs enfants. »

Ah, ah, j'ai trouvé une visiteuse de ce village qui a rapporté des témoignages : http://www.e-solidarity.org/Umoja/Le_village_des_irreductibles_femmes_Samburu.htm

Rebecca_Annie

Kenya, 1 novembre 2008- je prends un taxi depuis Isiolo, petite ville au Nord-Est du pays, pour rejoindre le village de UMOJA près de Archer’s Post, une des entrées du « Samburu National Park ». 40 km plus tard, et après avoir demandé à 3 reprises l’emplacement de ce village non-inscrit sur les cartes, j’ai enfin franchi son entrée.

Un très grand enclos fait de buissons épineux l’entoure de façon circulaire, comme le sont tous les villages de brousse, en laissant juste une ouverture pour le passage des visiteurs. A l’intérieur je découvre une dizaine des huttes (manyatas) joliment construites avec des branchages et de la bouse de vaches: une propreté exceptionnelle frappe agréablement l’œil.

Rebecca Lolosoli, la « chair lady » du village m’attend, avertie de mon arrivée par un SMS de ma part.

Cela faisait environ 2-3 ans que je rêvais de me rendre en cet endroit très spécial. J’avais lu dans la presse un article sur ce lieu exceptionnel, où des femmes Samburu vivent en autarcie comme les Amazones de l’Antiquité Grecque : seules avec leurs enfants sans la présence d’un seul homme dans le village.

Encore mieux : interdiction est faite à tout homme de franchir le seuil du village !

UMOJA veut dire « unité » en kiswahili, c’est donc le village où les femmes Samburu, victimes des violences traditionnelles, se sont réunies pour vivre en paix loin des hommes.

Comment se fait-il que, dans cette ethnie nomade-pastoraliste que sont les Samburu du Kenya, un tel mouvement a pu voir le jour et comment est-il toléré par les hommes?

Toutes mes questions trouvent réponse petit à petit de la bouche de Rebecca. Nous avons créé ce village en 1992, nous étions une poignée de femmes excédées par la maltraitance des hommes de notre tribu à notre égard. Les hommes battent les femmes, les jeunes filles sont forcées à se marier à un âge inacceptable, parfois à 10 ans, les beaux-parents battent les belles-filles, la violence rendait notre vie infernale.

A cette époque les hommes pensaient : « Laissez-les partir ! Elles ne pourront jamais faire face aux besoins de la vie, seules. Sans posséder des troupeaux de vaches et de chèvres, elles sont condamnées à mourir de faim ! C’est sûr ».

Au bout de 2-3 semaines, nous étions toujours en vie et loin d’eux. Ils ne pouvaient pas comprendre ce à quoi notre survie était due. Je vais te dire notre secret : tu vois ce buisson ? Nous en récoltions les feuilles, nous les faisions bouillir très longtemps. Au bout de plusieurs heures, cela fait une bouillie consistante comme le poritz, nous n'avons mangé que cela pendant des jours et nous avons survécu…

Aujourd’hui le village UMOJA offre refuge à 48 femmes. Il possède une petite école avec 2 classes primaires et 2 classes enfantines fréquentées aussi par les enfants des villages environnants.

Les femmes Samburu ont également fait construire à l’aide des fonds de donateurs américains, un petit Musée Ethnographique dans l’enclos du village à l’intention des visiteurs de UMOJA.

Rebecca frissonne en repensant à cette nuit, quand une centaine d’hommes Samburu, armés des lances et d’épées, se sont amassés devant la porte du village avec la ferme intention de la supprimer. Pour eux, une femme Samburu qui se comporte comme un homme (c.à.d avec fierté et dignité) était une insulte pour la tribu entière. Elle a bien cru que son heure était venue ! Par miracle, un homme dans la foule a crié « - vous n’allez pas tuer une femme ! C’est trop facile pour nous. Donnons-lui plutôt une leçon, allons la battre à mort pour la corriger. » Suite à cela, des palabres interminables ont divisé la foule des mâles et, au bout de quelques minutes, la discorde les a dispersé.

Rebecca l’a échappé belle.

Comme la réputation du village a fait le tour du monde, les femmes de Umoja aimeraient pouvoir vivre des visites des touristes. Elles demandent aux touristes 20 $ pour entrer dans le village, visiter leur petit musée et assister à un spectacle de danses traditionnelles qu’elles exécutent. Cependant les chauffeurs de véhicules des tours opérateurs kenyans qui conduisent les groupes de touristes, gardent une bonne partie de l’argent et ne donneraient que 4 $ par visiteur au village.

Cette guerre larvée, qui dure depuis quelques années déjà, a eu des effets pervers : des touristes sont conduits par les chauffeurs des minibus dans des villages qui n’ont rien à voir avec Umoja, juste pour leurs soutirer le prix de l’entrée. D'autres conducteurs de véhicules raconteraient que Umoja est très loin, et qu’ils ne peuvent pas conduire les touristes jusque-là.

Cela prend les allures d’une guerre froide : tous les moyens sont bons pour dissuader les touristes de visiter le village. Ainsi les femmes d’Umoja n’ont aucun autre moyen pour (sur)vivre que la vente de leur artisanat Samburu: petits colliers, bracelets et objets décoratifs faits de perles…Maigre revenu.

Les enfants sont en haillons et seulement quelques unes des jeunes filles du village peuvent s’offrir le luxe de fréquenter une école, même publique, au-delà de la 6e primaire.

Momwa, 12 ans, aux yeux de biche me fait un sourire. J’apprends qu’elle se trouve à Umoja car elle a échappé à son excision et un mariage forcé. Je lui demande si elle est scolarisée. Elle dit que non. Aimerait-elle commencer dès la nouvelle année scolaire en janvier 2009 dans une école-pensionnat ? Ses yeux brillent. Je lui promets de lui trouver un parrainage depuis la Suisse, ce qui lui permettrait d’être scolarisée dans de bonnes conditions. Parrainer la scolarisation d'une jeune fille ne coûte que 35fr/mois.*

Kipangae, dans la trentaine, a elle aussi trouvé refuge à Umoja. Originaire du village de Lerata, elle a échappé à un mariage forcé: son père voulait la marier à un homme Samburu qui était plus âgé que lui et dont elle serait devenue la 4e femme! Voilà l’accord conclu entre les 2 hommes et scellé au prix de 13 vaches : 6 offertes immédiatement au père de la mariée et les 7 autres demeurent en promesse jusqu'à ce que l'évènement prenne lieu. Kipangae avait 13 ans à l'époque de ce mariage forcé. Elle s’est d'abord refugiée chez sa grand-mère, mais comme le risque qu’on la ramène de force à la maison de son mari était grand, elle a trouvé refuge dans le village de UMOJA. Aujourd’hui, elle a 3 enfants avec un homme qu’elle a choisi librement. Elle ne compte cependant pas sur le père pour les faire vivre: elle s’active sur son ouvrage de perles de verre, car elle vit grâce à son artisanat.

Je regarde à la ronde et leur demande ce qui les rend vraiment heureuses. Elles me répondent en chœur : ‹‹- vivre ici en paix avec nos enfants ! ›› En somme, le vœu formulé par toutes les mères du monde, et nous ne sommes pas différentes d’elles.

J’achète de l’artisanat auprès des femmes de Umoja, une vraie aubaine pour elles qui n’ont pas croisé de touristes depuis plusieurs semaines déjà. C’est la saison creuse et en plus cette « guerre » avec les conducteurs de jeeps touristiques mine les affaires du petit village.

Dans l’après-midi, assises sous l’acacia parasol au milieu du village, les langues se délient un peu plus : Lea est dans ce village car sa mère a été chassée de la maison par son père, après avoir donné naissance à 7 filles. L’homme Samburu, macho par excellence, n’a pas supporté cet affront! Je n’en crois pas mes oreilles : ‹‹Comment est-ce possible pour un mari de chasser sa femme et leurs 7 enfants?››

Rebecca se charge de dissiper mes doutes : ‹‹Quelques jour auparavant, un homme Samburu était assis dans un bistrot du hameau (Archer’s Post) pendant que sa femme donnait naissance dans la hutte. On lui apporte la nouvelle que le nouveau né est une petite fille. Il explose de colère et ordonne : ‹‹Qu’elle n’ose pas se présenter devant moi! Je ne veux pas la trouver chez moi à mon retour. Qu’elle retourne à son père avec l’enfant. Je ne lui permets plus de manger mes chèvres ! »

Alors la cruauté des hommes de cette région à l’égard des femmes n’est-elle donc pas exagérée ? Un climat de terreur vis-à-vis des femmes règnerait-il effectivement dans cette société traditionnelle? Rebecca acquiesce de la tête. Il y a pire : la femme qui se soustrait à ses « devoirs conjugaux » et refuse toutes relations avec son mari est soumise à une humiliation publique des plus extrêmes: les amis du mari vont l'amener nue au milieu du village où son mari est invité à la violer à la vue de tous…

Difficile de croire que des comportements pareils l’encontre des femmes se produisent à notre époque à. Et pourtant. Les témoignages sont là pour le dire. C’est donc à nous, femmes émancipées et heureuses de l’être, que revient la responsabilité de venir en aide aux femmes du village Umoja. Parrainer et aider à éduquer une jeune fille Samburu, voilà ce qui pourrait casser définitivement le cercle infernale de la violence traditionnelle à l’encontre des femmes.

L'association d'Annie : Dons et parrainages d’enfants : MAA- Maasai Aid Association, 079 2531939 38, ch. Ed. Olivet , 1226 Thônex

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Commentaires
Une lesbienne féministe et séparatiste prête au combat ! Les hostilités reprennent à Londres en 2009...
  • Londres est l'enfer pour une lesbienne prolétaire. Mon réveil débuta par une démission salutaire ! Je me prosternai alors devant le seul voile de Sainte Lesbienne Séparatiste, militante enragée ! Blog FEMINISTE, ANTI-VOILE, ANTI-PORNOCRATES et ANTI-QUEERS
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