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Une lesbienne féministe et séparatiste prête au combat ! Les hostilités reprennent à Londres en 2009...
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17 août 2010

Lettre de Zahra aux enfants de Sakineh

Ce que je veux vous dire à propos de la lettre de Zahra et de sa douleur !

C'était il y a un an et demi le jour où j'ai reçu un appel de Zahra où elle sanglotait et criait au téléphone: "Mina, ils veulent pendre ma mère dans deux jours !"

Je lui ai demandé de se calmer et de me raconter ce qu'il se passait exactement.
Elle répondit, "Ils nous ont dit que c'était la dernière fois que nous verrions notre mère."

Nous avions fait des efforts pour sauver la vie de Fatemeh pendant des années auparavant, le même nombre d'années pendant lesquelles j'avais connu Zahra et sa soeur.

Durant les derniers jours de notre campagne pour sauver la vie de Fatemeh, nous avions diffusé pas mal de programmes sur notre chaîne de télévision "The New Channel TV".

Aux environs de minuit le 25 novembre 2008, qui est la Journée Internationale Contre la Violence, et pendant que je me trouvais dans un hôtel quelque part en Allemagne pour un discours, j'avais pu suivre les deux jeunes filles, plantées devant la fameuse prison Evin de Téhéran, elles étaient en direct avec moi sur l'écran, et au téléphone. On pouvait encore voir de l'incrédulité dans leurs yeux :

De l'autre coté des murs, les bourreaux en étaient aux derniers préparatifs pour pendre leur maman. Zahra me disait : "Il y a une foule d'une centaine de personnes qui se sont réunies ici..." "Ils se préparent à exécuter beaucoup de monde cette nuit", dit-elle.

A des dizaines de milliers de kilomètres, depuis l'Allemagne, je pouvais entendre les sanglots, les appels à la pitié. Je pouvais palper leur angoisse.

Zahra et Farzaneh tremblaient de peur.
Zahra me dit qu'après avoir tué 10 personnes, les bourreaux ouvrirent les portes de la prison et firent passer ce message à la foule : " C'est fini maintenant. Vous pourrez emmener les corps à 10 h demain matin !"

Un jour plus tard, quand j'ai appelé Zahra, elle m'a dit, " Mina ! Je suis avec ma mère !"

Elle n'avait pas pu se résoudre à laisser sa mère toute seule dans le cimetière.

Mina Ahadi

10 Août 2010

A la mémoire des innocents dont les supplications ont été affreusement étouffées dans leur gorge par le noeud coulant que l'on appelle Islam.

Bonjour amis,

L'injustice justifiée en Iran s'est incarnée en moi. Là dans la cage de ma poitrine, l'amour pour la vie est un oiseau captif prisonnier au plus étroit et déchirant d'un piège mortel, là dans ce corps, la vie se trouve déjà sur un lit de mort, dans un vide de silence tout autour, mourante en agonie, fouettée par les saints escrocs qui rendent justice en Iran.

Quand on ne peut plus trouver une seule chance de vivre dans cette vaste lande de désespoir, où peut-on trouver refuge ?

Je m'imagine encore que chaque vie arrachée par cette tempête meurtrière d'injustice monte haut dans le ciel pour retomber en petits ruisseaux qui vont doucement embrasser les lits assoiffés de la rivière.

Bonjour cher Saijad et Saideh,

Je suis Zahra, fille de Fateneh Haghigat-Pazduh. Sans doute avez-vous entendu mon nom.

Vous et moi nous connaissons puisque nous partageons la même peine. Oui, je connais votre chagrin. Je connais votre peine avant que vous ne l'ayez encore ressentie : cela fait 10 ans que je porte cette désolation.

Aux personnes chères à mon coeur,

J'ai pleuré avec le cri à fendre le coeur qu'ont tous les prisonniers enfermés sous la Ghesas, la vengeance réclamée par la loi islamique, et je pleurerai pour toutes et chacune de celles et ceux d'entre nous qui seront amenés à la potence. La distance n'émousse pas la lame de cette douleur là; c'est comme si je vous connaissais vous et votre mère, qui êtes comme mon innocente mère et moi, captives des griffes de ces hommes de loi d'injustice de l'Iran. Il n'y a pas un seul jour où je ne souhaite entendre parler de la libération et de l'acquittement de Sakineh et de tous ceux et celles qui ont été comme elle condamnées à mort.


Aux personnes chères à mon coeur,

Je sais que tous vos instants sont remplis par l'angoisse; Je suis familière de votre peine. Pas seulement familière - Je porte une marque perpétuelle, celle de la souffrance des enfants, les enfants purs et innocents de ceux condamnés sous la Ghesas, je la ressens là maintenant et elle restera aussi longtemps que je vivrai. Je sais que dans notre société, souhaiter leur libération est un voeu creux à offrir, mais je continuerai à souhaiter la liberté de toutes les Sakinehs, Kobras, Fatemahs et Shalas. Oui, quand je pense au noeud coulant cruel et implacable autour du cou de ma mère, je souhaite la liberté de toutes les mères emprisonnées.

Mes cheris,

Vous et moi portons une douleur si lourde qu'elle ne peut être absorbée même par le vide interminable du désert du Kavir. Je souhaiterais qu'il y ait un endroit où courir se réfugier, un abri contre l'injustice de cette si belle terre qui, aux yeux du monde, est déflorée, tâchée, empoisonnée par ces hommes de l'enfer. Je souhaite que dans le très court temps restant pour sauver votre mère, elle puisse trouver la liberté à travers les pleurs de tous les gens épris de liberté qui se sont précipités pour vous tenir les mains.

 

Je ne voulais pas ajouter à votre peine; je ne voulais pas que vous me voyiez pleurer dans ma solitude; je ne voulais pas que vous - qui portez votre propre peine insurmontable - vous pleuriez pour moi aussi. J'aurais voulu être avec vous pour vous donner mon amour de soeur, pour vous montrer notre jolie étoile, celle de Sakineh briller dans le ciel et clignoter dans notre direction. Je souhaite que le vide dans mon coeur exangue soit bientôt rempli par les cris d'allégresse de la libération de votre maman, tout empli d'une vie à nouveau. Je souhaite que les ténèbres ne puissent jamais dévorer nos chandelles éteintes. C'est vrai que nos cris isolés ne portent pas loin, mais c'est également vrai que l'injustice ne règne pas pour toujours.

 

Cela fait plus d'un an qu'on a éteint la vie de mon innocente maman; alors il y a eu Delaras et d'autres femmes qui se sont enfuies de cette cage mortelle; mais cette fois avec toute mon humilité, je demande à ceux qui ont entendu la détresse des Zahras, Sajjads et Saidehs de bien voir nos coeurs brisés et de tendre leus mains vers nos mains tremblantes qui ne peuvent pas toucher assez loin dans cette terre de justice emprisonnée. Dépêchez-vous pour épargner à Saideh et Sajjad la même peine infinie de perdre sa maman de la façon dont ma soeur et moi l'avons perdue.

Seule une violente tempête peut arracher la vie à l'intérieur d'une branche, rien d'autre.

Soyez la brise du matin, embrassez et éveillez à la vie. 

 

Zahra Hghyghat- Pazhuh

17 Mordad 89

8 August 2010

La voix de Zahra:

http://www.youtube.com/watch?v=3SjMSvKDDjc

Notez que c'est en quelque sorte une traduction libre pour capturer l'essence de la lettre de Zahra.

Traduction en anglais : Ahmad Fatemi

Correction : Maria Rohaly

Distribuée par le Comité International contre les Exécutions

Retraduite en français par Monique Louicellier, document en anglais ici :

About Zahra’s letter, Zahra’s pain!

It was a year and half ago when Zahra called me and cried: “Mina, they want to hang my mother in two days!” I asked her to calm down and tell me what was happening. She said, "They have told us that we can meet our mother for the last time."

We had endured to save Fatemeh’s life for a number of years; a number of years that I knew Zahra and her sister.

In the last days of our campaign to save Fatemeh’s life, we broadcast a number of programs from “The New Channel TV.”  Around midnight on November 25, 2008, the International Day against Violence, while staying in a hotel somewhere in Germany to deliver a speech, I was following the two girls standing outside the notorious Evin prison; they were live, online. You could still see disbelief in their eyes: on the other side of the walls, the hangmen were preparing to kill their mother. Zahra was telling me that “there is a crowd of over 100 people gathering there... they are going to execute many people tonight,” she said.  Miles away that midnight, from Germany, I could hear the cries, the calls for mercy.  I could feel the anxiety.

Zahra and Farzaneh were shaking in fear. Zahra said that after killing ten people, the hangmen opened the gates and told the crowd: “It is finished now.  You can collect the bodies at 10am!” A day later when I called her, she said, "Mina! I am with my mother!"

She couldn’t leave her mother alone in the graveyard.

Mina Ahadi

August 10, 2010

In memory of those whose innocent cries were unjustly suffocated in their throats by the noose called Islam.

Hello friends,

I am begotten of justified injustice in Iran.  Here in the cage of my chest, love of life is a captured bird in the narrowest and most excruciating deathtrap; here in this body life is on its deathbed, unattended, dying in agony, whipped by the crooked holy men of justice of Iran. When you cannot find hope in this vast land of hopelessness, where can you take refuge? Yet I tell myself every life taken by this deadlystorm of injustice rises to the height of the sky, and falls down in rivulets to gently embrace the thirsty river beds.

 

Hello dearest Sajjad and Saideh,

I am Zahra, daughter of Fatemeh Haghighat-Pazhuh.  Probably you have heard her name. You and I know each other for we share the same pain. Yes, I know your pain. I know your pain before you did: it is ten years that I bear this sorrow.

Dear ones,

I have wept with the heartbreaking cry of all prisoners under Ghesas and I will cry for each and every one who is to be taken to the gallows. Distance doesn't blunt this cutting edge ; it is as if I know you and your mother, who are, like my innocent mother and I, trapped in the talons of these unjust men of justice in Iran. Not a day passes that I don’t wish to hear of the freedom and the exoneration of Sakineh and all those others like her on death row.

Dear ones,

I know your moments are filled with anxiety; I am familiar with your pain. Not only familiar - I am branded with the pain of the children, innocent and pure children of those sentenced to Ghesas, now and as long as I live. I know that a wish for their freedom in our society is a hollow gift to offer, yet I still wish for the freedom of all Sakinehs, Kobras, Fatemahs and Shahlas. Yes, when I think of a hard and merciless noose around my mother's neck, I wish for freedom of all imprisoned mothers.

My dear ones,You and I bear a pain so heavy that it cannot be absorbed even by the endless emptiness of the Kavir. I wish there were a place to run to, a haven from the injustice of this beautiful land which, in the eyes of the world, is deflowered, smeared, poisoned by those men of evil. I hope in that short time left to save your mother, she finds freedom through the cries of all freedom-loving people who have rushed in to hold your hands.

 

I did not intend to add to your sorrow; I did not wish you to see me cry in my loneliness; I did not want you - who have your own unbearable pain - to cry for me too. I wish I was with you to give you my sisterly love, to show you our beautiful Sakineh’s star in the sky blinking at us. I wish the emptiness of my silenced heart would soon be filled with the cheerful cries of your mother’s freedom, filled with a life anew. I wish that the darkness  could never feast on blown-out candles. It is true that our lonely cries do not reach far, but it is also true that injustice does not reign for ever.

 

It is more than a year that my innocent mother’s life was extinguished ; then there were Delaras and other women who flew from this painful cage; but this time with entirety of humbleness I ask of those who have heard the plight of Zahras, Sajjads and Saidehs to behold our broken hearts and extend their hands to our shaking hands which do not reach far enough in this land of imprisoned justice. Rush to spare Saideh and Sajjad from the same infinite pain of losing their mother the way my sister and I did.

Only a savage storm breaks the life inside of a branch, nothing else.

Be the morning breeze, embrace, and waken to life.

 

Zahra Hghyghat- Pazhuh

17 Mordad 89

8 August 2010

Zahra’s voice:

http://www.youtube.com/watch?v=3SjMSvKDDjc

Note that this is a somewhat free translation, to capture the essence of the letter.

Translation: Ahmad Fatemi begin_of_the_skype_highlighting     end_of_the_skype_highlighting

Editing: Maria Rohaly begin_of_the_skype_highlighting     end_of_the_skype_highlighting

Distributed by the International Committee against Execution

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Commentaires
Une lesbienne féministe et séparatiste prête au combat ! Les hostilités reprennent à Londres en 2009...
  • Londres est l'enfer pour une lesbienne prolétaire. Mon réveil débuta par une démission salutaire ! Je me prosternai alors devant le seul voile de Sainte Lesbienne Séparatiste, militante enragée ! Blog FEMINISTE, ANTI-VOILE, ANTI-PORNOCRATES et ANTI-QUEERS
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